Kairouan, la capitale spirituelle de la Tunisie : 1975
On qualifie souvent Kairouan de «capitale spirituelle de la Tunisie» en raison de son patrimoine religieux, de sa position stratégique et de son influence culturelle profonde. De plus, elle figure parmi les villes les plus importantes de l’histoire islamique. Située au centre de la Tunisie, à environ 150 kilomètres au sud de Tunis, Kairouan a traversé les siècles comme un centre religieux et culturel.
Géographie et climat
Kairouan bénéficie d’un climat semi-aride, caractérisé par des étés chauds et secs et des hivers doux. Par ailleurs, sa localisation centrale en Tunisie, légèrement à l’intérieur des terres, subit une influence désertique plus marquée que celle des villes côtières. Cependant, ses hivers doux et son emplacement stratégique en ont fait une étape importante sur les routes commerciales de l’Afrique du Nord.
Histoire ancienne
Le général arabe Oqba Ibn Nafi al-Fihri (عقبة بن نافع الفهري) a fondé Kairouan en l’an 50 AH/670 après J.-C., lors des conquêtes islamiques. La ville est rapidement devenue l’une des plus importantes du monde islamique naissant. Capitale de la dynastie aghlabide au IXe siècle, Kairouan a émergé comme un centre religieux, culturel et intellectuel, non seulement pour la Tunisie, mais aussi pour toute la région du Maghreb. Elle est devenue une destination pour les érudits et un centre d’apprentissage islamique. Son rôle dans la diffusion de l’islam en Afrique du Nord a consolidé sa réputation de «quatrième ville sainte de l’islam» après La Mecque, Médine et Jérusalem.
Kairouan in the Islamic Era
Kairouan’s prominence in the Islamic era cannot be overstated. During the Aghlabid period, the city was known for its scholarly contributions, particularly in Islamic jurisprudence and theology. Arab builders constructed the Great Mosque of Kairouan in 670 AD and later expanded it, making it a symbol of this era. The mosque, with its majestic minaret and large courtyard, became the prototype for many Islamic mosques worldwide. Even after that, the city continued to thrive as a religious center throughout the Fatimid and Zirid periods.
Kairouan à l’époque islamique
L’importance de Kairouan à l’époque islamique est incontestable. Elle fut la capitale des Musulmans dès le début de la conquête de l’Afrique du Nord au VIIe siècle. Sous les Aghlabides (IXe siècle), la ville s’est distinguée par ses contributions intellectuelles, notamment en jurisprudence islamique et en théologie. Les bâtisseurs arabes ont construit la Grande Mosquée de Kairouan en 670 et l’ont agrandie par la suite, en faisant un symbole de cette époque. La mosquée, avec son majestueux minaret et sa grande cour, est devenue un prototype pour de nombreuses mosquées islamiques à travers le monde. Même après cette période, la ville a continué à prospérer comme centre religieux sous les Fatimides et les Zirides (Xe siècle).
Histoire moderne
Bien que Kairouan ait perdu son importance politique après le transfert de la capitale à Tunis, elle a conservé son importance religieuse. À l’époque moderne, notamment pendant l’occupation française (1881-1956), Kairouan est restée un lieu de pèlerinage et un centre de savoir islamique. Après l’indépendance de la Tunisie en 1956, Kairouan a maintenu son statut de ville spirituelle, devenant un symbole important de l’identité nationale, profondément ancrée dans les racines islamiques du pays.
Sites emblématiques
Kairouan abrite plusieurs monuments emblématiques qui témoignent de son importance historique et religieuse :
- La Grande Mosquée de Kairouan (Mosquée de Oqba) : L’une des plus anciennes mosquées du monde islamique, datant de la fondation de la ville au VIIe siècle, soit le premier siècle de l’islam.
- Les bassins aghlabides : Ces grands réservoirs d’eau, construits au IXe siècle, témoignent des compétences des ingénieurs aghlabides.
- La mosquée des Trois Portes : Petite mosquée célèbre pour sa façade ornée d’inscriptions coufiques. Il s’agit notamment de l’un des rares exemples survivants de l’architecture islamique primitive à Kairouan.
- Le mausolée de Sidi Sahbi : Ce complexe religieux abrite la tombe d’un compagnon du Prophète Muhammad, Abou Zamaa el-Balaoui. C’est un lieu de grande vénération pour les visiteurs, combinant une mosquée, une cour et une école religieuse (madrasa).
Economy and Social Characteristics
Si Kairouan est avant tout connue pour son importance religieuse et culturelle, son économie bénéficie également de l’agriculture, de l’artisanat et du tourisme. La région est connue pour la production d’huile d’olive et de céréales, ainsi que pour ses riches traditions artisanales, notamment dans le tissage de tapis et le travail du cuir. Le tapis de Kairouan, célèbre pour ses motifs complexes et sa haute qualité, reste l’un des produits les plus recherchés en Tunisie.
Le tourisme joue un rôle crucial dans l’économie de la ville, car Kairouan attire des visiteurs du monde entier qui viennent admirer ses sites historiques et participer à des pèlerinages religieux. La désignation de Kairouan comme site du patrimoine mondial par l’UNESCO a renforcé son industrie touristique, préservant ses trésors architecturaux et assurant une reconnaissance mondiale de son patrimoine culturel.
Personnalités notables
Kairouan a accueilli plusieurs personnalités influentes tout au long de son histoire, notamment dans les domaines de l’érudition et de la science islamique. L’une des personnalités les plus remarquables est Sahnun ibn Sa’id, un juriste malékite renommé qui a joué un rôle central dans la diffusion de l’école de pensée malékite en Afrique du Nord. Sahnun a joué un rôle déterminant dans la compilation de « Al-Mudawwana », un texte fondateur de la jurisprudence malékite, qui a considérablement influencé le droit islamique au Maghreb.
Une autre figure marquante de Kairouan est Ibn Sharaf al-Kairouani, célèbre poète et érudit du XIe siècle. Ses œuvres littéraires ont contribué à la richesse de la littérature arabe et son influence s’est fait sentir dans tout le monde musulman. De plus, Abu Imran al-Fasi, grand érudit musulman originaire de Fès au Maroc, s’est ensuite installé à Kairouan, où il a enseigné et écrit des livres jusqu’à sa mort. Il était connu pour ses enseignements et a contribué à la diffusion de l’école malékite dans tout le Maghreb et en Andalousie.
Fatima al-Fihriya, fondatrice de la mosquée al-Qarawiyyin en 857-859 apr. J.-C. à Fès, au Maroc, est une figure féminine éminente de Kairouan. Fatima est née vers 800 apr. J.-C. à Kairouan et a déménagé avec son père à Fès pendant l’ère Idrissi. Elle a commencé la construction de la mosquée après la mort de son père, qui lui a laissé une grande fortune. Les érudits ont transformé la mosquée Qarawiyyin en un établissement d’enseignement, qui reste aujourd’hui la plus ancienne université en activité au monde.
Conclusion
Kairouan est une ville où l’histoire et la religion s’entremêlent, offrant un aperçu unique du monde islamique primitif. Son architecture, sa culture et son importance spirituelle en font une ville unique en Tunisie. Les monuments de Kairouan témoignent de son passé, préservant son héritage en tant que centre d’érudition islamique et de dévotion spirituelle.
Le timbre représenté ici capture le riche patrimoine de la ville, mettant en valeur sa beauté intemporelle et son importance dans l’histoire de la Tunisie. Ce timbre fait partie d’une série de six timbres émis en 1975 pour commémorer le Festival international des arts populaires de Carthage.
Référence catalogue : Yvert & Tellier 810, 1975